Jolies salades

En cette matinée de printemps, le froid est encore bien présent à Mathod (VD). Malgré tout, différentes variétés de salades sont cultivées et se développent dans les champs (180 ha) et sous les serres (12,5 ha) de Stoll Légumes SA. La doucette ne se laisse pas impressionner par le froid. Quant aux variétés plus sensibles, cinq sortes de salades différentes, elles poussent ici toute l’année grâce à une méthode spécifique: l’hydroponie. Les deux gérants de Stoll Légumes SA, Sylvain et son frère Vincent, mènent la visite à travers l’installation hydroponique. Derrière une porte se dessine une mer verte: un océan de laitues à différents stades de croissance. «Ici, nous récoltons chaque année plus de cinq millions de salades», déclare Vincent Stoll. Il y a peu de personnel. Des vagues entières de salades se déplacent lentement, comme par magie. La lumière du jour inonde la serre par le toit transparent et, en cas de besoin, des LED prennent le relais pour la photosynthèse.

DES PIONNIERS EN SUISSE
Les deux frères figurent parmi les premiers à miser sur la culture hydroponique en Suisse. Concrètement, les salades ne poussent pas dans la terre, mais dans un substrat composé de terre, de fibres de bois et de tourbe. Une solution aqueuse se charge de leur fournir tous les nutriments. Les salades sont récoltées au bout de 40 jours, à quelques jours près en fonction de la saison. «Sur nos 35 produits, la majorité pousse encore de manière traditionnelle. Mais l’hydroponie est l’avenir», ajoute Sylvain Stoll. L’avenir? Un grand mot qui mérite d’être expliqué. Les frères Stoll ont de bons arguments: «Nous vivons dans un monde où l’eau propre et les sols sains deviennent de plus en plus précieux. Travailler de manière écologique est une priorité pour nous.» Le premier gros avantage est la consommation d’eau, qui est réduite d’au moins 80% par rapport à la culture traditionnelle en pleine terre. Les herbicides sont totalement superflus. Outre les salades et les légumes, les frères Stoll récoltent également de l’énergie: les panneaux solaires installés sur les toits produisent 860 000 kWh d’électricité, une quantité suffisante pour couvrir les besoins de 170 ménages. Dès l’arrivée du printemps, les abeilles sortent de leurs ruches et pollinisent les plantes dans les serres. Dès que c’est possible, les deux frères privilégient l’utilisation d’auxiliaires contre les parasites plutôt que de recourir à l’agrochimie.

BÉNÉFIQUE POUR TOUS
La nature en profite clairement, mais quels avantages l’hydroponie offre-t-elle à la clientèle? «Les avantages sont nombreux», affirme l’aîné des frères. «Nous pouvons garantir des produits suisses de la plus haute qualité tout au long de l’année. Les salades restent propres, ce qui facilite la préparation. Mais pour notre clientèle, la durée de conservation et la fraîcheur sont des arguments déterminants. Lorsque nous livrons les salades à Transgourmet/Prodega, les racines de certaines d’entre elles sont encore dans les cubes de substrat. C’est pourquoi elles conservent leur fraîcheur au moins pendant une semaine.» La fraîcheur, ou pour être honnête, le froid et la grisaille sont le lot quotidien des collaborateurs et collaboratrices de Stoll lorsqu’ils travaillent en plein champ durant les mois d’hiver. Cette méthode de culture les contraint également à travailler souvent en position courbée. Avec le système hydroponique, il en va tout autrement: sous la serre, la température est très agréable, la pluie ne mouille personne, les surfaces de travail sont à hauteur de hanche et accessibles sans effort acrobatique. Reste la question du goût des salades: «Je vous donne quelques échantillons à emporter chez vous», dit Vincent Stoll. «Je suis sûr que vous ne voudrez plus consommer d’autre salade.»

SYLVAIN STOLL
Âge: 41 ans
Loisirs: la randonnée, le ski et le VTT
Musique préférée: le rock
Lecture: magazines économiques
Plat préféré: légumes et fondue
Destination de rêve: les pays nordiques

VINCENT STOLL
Âge: 37 ans
Loisirs: le ski
Musique préférée: One Dance
Lecture: presse générale
Plat préféré: filet de boeuf aux morilles avec une bonne salade
Destination de rêve: l’Antarctique

Texte: Franz Bamert
Photo: Valentin Flauraud